Lettre à France est une chanson de Michel Polnareff sortie comme single en 1977.
Elle est présente sur la réédition CD de l'album Coucou me revoilou (1978), mais aussi sur La
Compilation (1991) et les albums live Live at the Roxy (1996) et Ze re Tour 2007 (2007).
Polnareff, alors en « exil » aux États-Unis, y exprime sa nostalgie pour la France.
Historique
En 1972, Michel Polnareff est au faîte de sa gloire et mène une vie luxueuse dans
un hôtel particulier à Neuilly. Vivant une vie de star, il engage un homme de confiance pour gérer
ses finances. Mais cette année-là, il connaît un premier revers causé par l'affiche de son concert
à l'Olympia où il montre ses fesses : accusé d'attentat à la pudeur, il doit affronter un procès
et s'acquitter d'une amende de 6 millions d'anciens francs, soit environ 58 787,91 euros de 2018,
compte tenu de l'inflation, somme modique pour le chanteur à l'époque, mais qu'il trouvera
« sévère » et « injuste ».
Puis Polnareff reçoit une lettre d'une agence immobilière qui lui réclame six mois de loyers
impayés et apprend par la suite que ses biens — sa Rolls Royce et sa maison — ne lui appartiennent
pas, mais sont en location. Il a été trahi par son homme de confiance qui l'a spolié en lui
prenant son argent et en laissant le chanteur endetté. De plus, le fisc lui réclame plus d'un
million de francs, mais Polnareff est ruiné. L'opinion publique refusant de croire en sa bonne
foi et lui supportant mal ce désamour, Polnareff décide de quitter la France, alors qu'il
est menacé d'emprisonnement, pour refaire sa vie ailleurs.
Il s'exile alors en Californie où il publie un single qui se classe rapidement au Billboard
Hot 100, hit-parade américain. Mais la France lui manque, un an et demi après son départ
forcé. Ne pouvant regagner le pays sans se faire arrêter, il est aidé par Roger Kreicher,
ancien directeur des programmes de RTL, qui lui propose d'organiser un concert en
Belgique vu par 4 000 fans qui fait sensation, malgré un matériel de sonorisation qui ne
viendra jamais. De retour à New York, la nostalgie le guette et lors d'une sortie dans un
restaurant de la Cinquième Avenue, tout lui rappelle la France. Pris d'un coup de blues,
Polnareff griffonne sur une nappe en papier les premières notes de la chanson qui ne se
nomme pas encore Lettre à France. Il enregistre la musique sur cassette et l'envoie à son
parolier Jean-Loup Dabadie. Dabadie écrit alors un texte avec deux niveaux de lecture :
on peut soit y voir une simple lettre d’amour d’un homme loin de sa dulcinée ou alors
celle d’un homme exilé qui rêve de revoir son pays, la France. Ce double sens des paroles
séduit Polnareff.